Typologie, linguistique des corpus et linguistique expérimentale
Typologie, linguistique de corpus et linguistique expérimentale
Les analyses comparatives interlinguistiques de ce volet constituent un point fort des recherches sur la diversité des langues et des invariants. La perspective typologique proposée permet de déterminer l’impact relatif des propriétés générales et spécifiques des systèmes linguistiques d’un large éventail de langues (romanes, germaniques, slaves, grecques, sémitiques, langues des signes etc.) sur différents comportements étudiés (production orale/écrite/gestuelle, compréhension, catégorisation, mémorisation).
Les travaux de Maarten Lemmens s’interrogent sur les expressions spatiales, les verbes de posture et les gestes co-verbaux ainsi que sur l’interaction entre sémantique et cognition. En collaboration avec Mathilde Peyré, Juline Perrez (Université de Liège) et Marc Tutton (Université de Nantes) il effectue une analyse approfondie et comparative des expressions verbales et des gestes co-verbaux dans le domaine de l’espace. Un élément particulier de ces recherches concerne l’usage des verbes de posture en néerlandais, en suédois et en anglais, langues dans lesquelles ces verbes sont grammaticalisés à des verbes locatifs de base. Les diathèses verbales en anglais, font également l’objet d’une étude menée par Maarten Lemmens qui étudie, dans le cadre de la linguistique cognitive et la grammaire des constructions, l’interaction complexe entre la sémantique lexicale d’un verbe et les diathèses qu’il permet. Pour ce faire, il a développé une méthode d’analyse de données issues de corpus pour mesurer le degré d’alternance des verbes individuels. Ses recherches sur la « verb auxiliation » en collaboration avec Kalyanamalini Sahoo (Univ. Hyderabad, Inde & Univ. Anvers, Belgique) étudient la grammaticalisation des verbes de localisation et de mouvement vers des semi-auxiliaires. Une dimension concerne la grammaticalisation des verbes de posture en néerlandais vers des auxiliaires marquant l’aspect progressif ; une autre concerne les prédicats sériels asymétriques en Odia (langue indienne), et notamment l’utilisation des « light verbs » (des verbes grammaticalisés comme donner, tomber) qui effectuent une modulation sémantique de l’événement exprimé par le verbe principal et qui sont devenus des marqueurs de complétude et de surprise dans cette langue (voir également la thématique Représentation).
Efstathia Soroli, en collaboration avec Maya Hickmann (CNRS et Université de Paris 8), Henriëtte Hendriks (Université de Cambridge), Christina Papadimitraki (Université de Heidelberg) et Annemarie Verkerk (University of Reading) mène des travaux sur la relation entre Typologie et Cognition en se focalisant sur la représentation de l’espace dans le langage et au-delà. Elle conduit des travaux comparatifs sur les propriétés linguistiques des langues typologiquement différentes et l’impact que ces propriétés peuvent avoir sur la construction des catégories mentales des locuteurs. Dans cette recherche comparative elle examine de manière expérimentale l’impact des propriétés générales et spécifiques de trois langues, l’anglais, le français et le grec, sur la représentation du mouvement dynamique et de la localisation statique auprès de locuteurs natifs adultes et enfants. La méthodologie utilisée met en relation différents comportements au moyen d’une série de tâches expérimentales complémentaires (production, compréhension, catégorisation verbale/non-verbale, mémoire verbale/non-verbale), qui sont associées à des mesures de l’attention visuelle (suivi des mouvements oculaires) afin contribuer plus généralement aux débats sur les dimensions universelles et variables des processus cognitifs d’une langue à l’autre. Ce projet interagit avec le projet « Langacross » coordonné par Maya Hickmann (CNRS & Université de Paris 8) dans lequel plusieurs membres de notre labo ont été impliqués (Cédric Patin, Katia Paykin, Efstathia Soroli) ainsi qu’avec le projet « TransferS - Espace, temps, existence », coordonné par Anne Carlier et Laure Sarda (ENS-Paris ; CNRS – UMR 8094) financé par le LabeX “Transferts” de l’ENS Paris. Ce dernier projet de linguistique comparée, dans lequel plusieurs membres de notre laboratoire participent (Bert Cappelle, Katia Paykin, Efstathia Soroli, Fayssal Tayalati), porte sur les divers modes d’expression de l’espace, du temps et de l’existence dans 12 langues différentes utilisant des corpus parallèles et des traductions (voir aussi la thématique Interprétation).
Annie Risler mène des travaux sur le temps et l’aspect en LSF dans le cadre du séminaire de linguistique LSF avec les étudiants de master 2 ‘interprétariat LSF/français’. Cette recherche répond à un manque de données sur l’expression de la temporalité en LSF. Elle s’appuie sur les travaux portant sur d’autres LS (danoise, belge, anglais) et tente de donner un éclairage nouveau à la question des lignes de temps au regard de l’ancrage énonciatif apporté par les prises de rôle en langue signée. Elle collabore également au projet la déixis dynamique en LSF, qui est financé par la fédération de typologie et Universaux Linguistiques, et dirigé par Alice Vittrat (UMR 7107 CNRS-LACITO, Université d’Aix-Marseille) et Jean-Michel Fortis (UMR 7597 CNRS-HTL) qui rassemble des travaux sur une vingtaine de langues du monde. Il s’agit d’une étude typologique de la deixis dynamique, à travers l’expression du mouvement centripète ou centrifuge par rapport à un point de visée localisé sur le locuteur. L’objectif est de dresser un inventaire des formes : morphèmes et structures utilisées dans l’expression de la deixis dynamique ; de s’intéresser à l’ancrage de ces relations ; d’établir des contraintes d’emploi d’une ou l’autre forme, selon les dimensions sémantiques co-exprimées comme le mouvement, la manière, la directionalité, la visibilité (voir aussi la thématique Application)