Thém. Représentation / Identification / Histoire(s)
La seule caractérisation de ces composants, toutefois, ne peut suffire à celui qui cherche à pleinement les appréhender. Pour ce faire, les membres de la thématique s’attacheront notamment à comprendre l’histoire, ou les histoires, de ces éléments. Cet objectif se construira notamment à travers des recherches menées en diachronie, telles :
● celles de Roland Noske, dont les travaux interrogent plusieurs idées reçues dans la phonologie historique, comme la thèse selon laquelle la réduction de voyelle en ancien français aurait eu lieu sous l’influence d’un accent prétendument « expiratoire » du germanique), ou encore la pertinence, l’ordre d’apparition et la validité des lois de phonétique historique les plus connues du germanique (les lois de Grimm, de Verner et de Kluge) à l’aune des théories phonologiques modernes;
● celles de Gerhard Schaden, sur la simulation des changements linguistiques;
● celles que Maarten Lemmens consacre à l’évolution des verbes de placement en néerlandais et en anglais, ou encore à l’étude diachronique des alternances verbales en anglais notamment l’alternance causative (en collaboration avec Laurence Romain, doctorante à STL) ;
● ou celles qu’Anne Carlier, en collaboration avec Céline Guillot de l'ENS de Lyon et avec Maria Selig, de l'Université de Regensburg, consacre au passage du latin tardif au français ancien. Ces dernières recherches ont déjà conduit, dans le cadre du projet ANR Corptef (2008-2011, Corpus représentatif des premiers textes français, piloté par l’UMR 5191 ICAR, dans le cadre de l’appel à projets Corpus), à la constitution d’une base représentative des premiers textes français et des textes traduits latin tardif/ancien français, qui permettra d'étudier cette période mal connue de l'histoire du français, et sont poursuivies actuellement dans le cadre du projet ANR-DFG PaLaFra (« Passage du latin au français » (voir interprétation)
Plus spécifiquement, nombre de membres de la thématique consacrent une large part de leur travail à l’identification de différents mécanismes de grammaticalisation (synchronique ou diachronique) :
● Anne Carlier s'interroge ainsi, dans une perspective typologique, sur l'émergence et la diffusion de la catégorie de l'article, sur le développement des démonstratifs ou des quantifieurs de degré comme beaucoup, peu, assez, trop, dans les langues de l'Europe occidentale et leurs corrélations avec d'autres phénomènes morphosyntaxiques (voir le descriptif dans la présentation de la thématique Interprétation) ;
● Maarten Lemmens poursuit les travaux qu’il a entrepris sur (i) la grammaticalisation des verbes de posture vers des auxiliaires marquant l’aspect progressif en néerlandais (vs. l’absence d’une telle grammaticalisation en anglais; (ii) la grammaticalisation d’un groupe de verbes limité vers des verbes légers (light verbs) en Odia (une langue indo-arienne) où ils sont devenus des marqueurs de complétude et de surprise (en collaboration avec Kalyanamalini Sahoo) ; et (iii) la grammaticalisation des expressions évaluatives (ça va, ok, etc.)
● Dany Amiot continue à travailler, en synchronie et en diachronie, sur les processus de grammaticalisation de certains constituants de noms composés, constituants néoclassiques, comme -logue ou -cide, ou constituants du français. Elle poursuivra aussi ses travaux, effectués pour la plupart en collaboration avec Kristel Van Goethem (Université de Louvain) sur d’autres cas d’évolution, plus difficiles à caractériser dans la mesure où ils se situent à la frontière entre plusieurs phénomènes : grammaticalisation, dégrammaticalisation / exaptation.