MEPRO: La Mécompréhension Productive
SéminairePénélope DUFOURT (Université Paris Nanterre)
« La philosophie pour enfants : construire les conditions d'une pédagogie dialogique au service de l'agentivité épistémique »
Ci-dessous le résumé de son intervention :
Dans un contexte de crise de sens d’un discours à visée universaliste sur les droits humains, les Nations Unies ont développé depuis les années 1990 un effort centralisé de conceptualisation d’une « éducation aux droits de l’Homme » (EDH), jusqu’à en faire un droit à part entière (Déclaration des Nations Unies sur l’éducation et la formation aux droits de l’Homme, 2011). Toutefois, le projet d’une fabrique mondialisée d’une politique éducative sur les droits humains soulève certains problèmes. Une partie de la littérature le décrit comme un outil de plaidoyer des Nations Unies relevant d’une « épistémologie du consensus diplomatique » (Keet 2017). Comment ce droit peut-il prendre en compte ces critiques et pluraliser son objet sans tomber dans le relativisme ? Face à ce problème, notre réflexion interroge les apports et limites d’une modalité pédagogique particulière, la pratique du dialogue philosophique avec les enfants et adolescents (PPEA). Plus précisément, nous aimerions montrer en quoi les présupposés épistémologiques sur lesquels repose la PPEA sont l’occasion de considérer les enfants comme de véritables sujets épistémiques. En réfléchissant avec sérieux aux conditions de possibilité pédagogique d'une «agentivité épistémique» (Catala 2015), la PPEA semble dès lors donner des pistes intéressantes pour redonner du sens à la co-construction d'un horizon universaliste pour le vivre ensemble et la soutenabilité d'une philosophie des droits de l'Homme.
Le séminaire sera en format hybride et peut être suivi à partir du lien ci-dessous :
https://univ-lille-fr.zoom.us/j/99782719740?pwd=MGFnb3lVQXlybXNhSWEyWmZwa1pBdz09
Ce séminaire sur la mécompréhension productive part de l'idée que la mécompréhension ne se réduit pas à l’incompréhension, ne tient pas seulement à l’absence de sens : lorsqu’on comprend mal, on comprend quand même quelque chose. Pour cette raison, ce qu’on comprend quand on comprend mal relève d'un autre régime que la compréhension « simple » du sens visé. En outre, l’expérience nous montre que, même dans ces cas « simples », notre saisie s’avère souvent partielle. La mécompréhension semble dès lors jouer un rôle constitutif de tout sens. Par conséquent, ne faudrait-il pas dépasser le caractère négatif de la mécompréhension, comprise comme un défaut de compréhension, et la regarder autrement, c’est-à-dire comme une étape essentielle de toute saisie d’un sens ? Dans cette perspective, le séminaire de la Mécompréhension productive propose de s’intéresser à la manière dont la mécompréhension produit du sens, en adoptant des approches disciplinaires variées : herméneutique, logique, sciences politiques, littérature, science du langage, psychologie sociale, anthropologie, etc.
Partager sur X Partager sur Facebook