Le projet « Structure argumentale des adjectifs », coordonné par Anne Carlier et Fayssal Tayalati (en collaboration avec Kathleen O’Connor, Katia Paykin et Danièle Van de Velde) est consacré à la structure argumentale de l’adjectif et plus particulièrement aux adjectifs dits à « supin » ou tough constructions (Ce livre est difficile à traduire). Il fait suite à un projet antérieur consacré aux adjectifs d’évaluation comportementale (Pierre est gentil de nous aider). Les deux paradigmes soulèvent en partie les mêmes questions : les constituants de nous aider et à traduire ont été analysés comme des adjoints en vertu de leur caractère facultatif. Cette analyse est pourtant mise en cause par le fait que ces deux structures doivent être mises en rapport respectivement avec Nous aider est gentil de la part de Pierre et Traduire ce livre est difficile où l’infinitif se trouve intégré au sujet.

Par ailleurs, les constituants de nous aider et à traduire ne sauraient être analysés comme des compléments de l’adjectif : alors qu’un complément d’un adjectif est introduit par une préposition et dès lors proportionnel à un pronom clitique (Pierre est fier d’avoir réussi / Pierre en est fier ; Pierre est prêt à nous aider, Pierre y est prêt), cette proportionnalité fait défaut dans le cas de Pierre est gentil de nous aider / *Pierre en est gentil et de Ce livre est difficile à traduire / *Ce livre y est difficile. Les recherches dans le cadre de ce projet sont menées dans une perspective comparative, faisant intervenir l’italien, le français, le latin, le russe, l’anglais et l’arabe. L’étude de langues issues de familles différentes, notamment les langues casuelles, révèleront des propriétés nouvelles qui aideront à mieux décrire la structure argumentale des adjectifs étudiés.