L’interface sémantique-pragmatique regroupe des recherches de linguistes (Bert Cappelle, Laurence Delrue, Ilse Depraetere, Maarten Lemmens, Rudy Loock, Christopher Piñón, Gerhard Schaden), logiciens (Laurent Keiff, Shahid Rahman) et philosophes du langage (Claudio Majolino,) concernant le rôle et le statut des effets contextuels pour la construction du sens. Une question centrale qui se pose dans l’effort d’élucidation du phénomène du sens des expressions linguistiques est celle du lien entre philosophies du langage et de l’esprit: quels sont les rapports entre la valeur sémantique des expressions d’une part, et les dispositions, états ou actes mentaux d’autre part ? Cette question ne concerne pas seulement l’analyse des processus de production et de réception des paroles, mais aussi la question de savoir si le mental – et en premier lieu, les intentions des locuteurs – est constitutif du sens. Au-delà de son intérêt pour le débat contemporain, cette problématique délimite un champ de recherche qui allie considérations historiques et théoriques : l’association étroite des philosophies du langage et de l’esprit est tout particulièrement marquée dans la tradition brentanienne (fin 19e début 20e) ainsi que dans la pensée scolastique (12e-14e) dans laquelle la philosophie dite « autrichienne » est manifestement enracinée.

Du point de vue de la linguistique, la question est surtout de savoir de quelle façon les développements théoriques en philosophie du langage depuis Grice (1975), tels que le minimalisme (Borg 2012) ou la pragmatique véri-conditionnelle (Recanati 2010), peuvent être exploités pour l’analyse empirique de phénomènes langagiers spécifiques (par exemple, pour l’analyse des modaux et des temps en anglais).  Un séminaire interdisciplinaire a été organisé en 2012-13 (L’interface sémantique : perspectives linguistiques, logiques et philosophiques), et dans la suite de celui-ci, un groupe de lecture et une journée d’études consacrés à l’enrichissement pragmatique a été organisé en 2013-4.