JE "Comment enseigner (avec) la traduction automatique ?"

Journée d'études
En distanciel
La journée d’études «Traduction & Qualité » est un événement qui existe depuis 2008 et est programmé tous les deux ans sans interruption (responsable 2008-2014: Ilse Depraetere; 2014-: Rudy Loock). Il s'agit donc de la  8ème journée consacrée à la question de la qualité en traduction. Les deux dernières éditions, #TQ2018 (site) et #TQ2020 (site), ont été consacrées  à la traduction automatique dans son usage professionnel. En 2022, l'objectif est de s’intéresser cette fois à l’utilisation des outils de traduction automatique par les étudiant(e)s qui ne se destinent pas nécessairement à la traduction professionnelle (formations en langues ou autres disciplines). De nombreuses études montrent en effet que les étudiant(e)s utilisent de façon massive les outils de traduction automatique (TA) disponibles gratuitement sur le web comme par exemple les traducteurs en ligne Google Traduction, DeepL, ou encore Reverso. Cette utilisation s’opère par ailleurs bien au-delà du cadre des cours de traduction, les étudiant(e)s y ayant également recours comme outils d’aide à la rédaction dans les cours de langues. La question se pose très fortement dans les formations en langues (l’ANLEA a ainsi organisé au printemps 2021 un atelier sur ce sujet, « Comment enseigner la traduction en LEA »). Contrairement aux précédentes journées « Traduction & Qualité », nous ne nous intéresserons pas cette fois à l'utilisation de la traduction automatique/machine dans le secteur professionnel des métiers de la traduction, ni dans le cadre de la formation à ces métiers. Il s'agira de s'intéresser à la place qu'occupent actuellement les traducteurs en ligne chez les apprenant(e)s, pratique souvent « clandestine » ou « buissonnière » pour reprendre des termes de Bourdais (2021) mais omniprésente : différentes études font en effet état d'une utilisation massive de ces outils (voir p. ex. O'Neill 2019, Clifford et al. 2013, White & Heindrich 2013, Loock & Léchauguette 2021 pour l'université; Bourdais & Guichon 2020 pour le lycée). Tout ceci ne se fait pas sans difficultés et demande l'acquisition d'une nouvelle compétence numérique permettant d'adopter une approche raisonnée de ces outils : la MT literacy pour reprendre un concept développé par Bowker & Buitrago Ciro (2019). La présence de ces outils demande aussi une adaptation du contenu des enseignements : comment développer cette nouvelle compétence en permettant aux étudiant(e)s de connaître, voire de comprendre, les forces, les limites, ou encore les biais des traducteurs en ligne, préalable nécessaire à leur bonne maîtrise, sans oublier les considérations éthiques et liées à la confidentialité des données. L'événement se déroulera intégralement en ligne et est ouvert à tou(te)s, dans la limite des places disponibles. Les inscriptions seront ouvertes à partir de début janvier. Informations : rudy.loock[chez]univ-lille[point].fr Bourdais, A. ; Guichon, N. (2020). Représentations et usages du traducteur en ligne par les lycéens », Alsic [onlilne], v. 23, n. 1. https://doi.org/10.4000/alsic.4533 Bowker, L.; Buitrago Ciro, J. (2019). Machine Translation and global research: Towards improved machine translation literacy in the scholarly community. Bingley: Emerald Publishing. Clifford, J., et al. (2013). Surveying the landscape: What is the role of machine translation in language learning? @tic revista d'innovació educativa, n. 10, pp. 108–121. Delorme Benites, Alice & Lehr, Caroline, 2021 (in press). Neural machine translation and language teaching – possible implications for the CEFR. Bulletin suisse de linguistique appliquée, Numéro spécial 2021, vol. 2 Henshaw, F.; O’Neill, E. M. (2021). Is there a place for online translators in language courses? Panel discussion with Dr. Florencia Henshaw. IALLT (International Association for Language Learning Technology) 2021 Virtual Conference. June 17, 2021. Loock, R.; Léchauguette, S. (2021). Machine translation literacy and undergraduate students in applied languages: report on an exploratory study. Revista Tradumàtica, n. 19. Niño, A. (2020). Exploring the use of online machine translation for independent language learning. Research in Learning Technology, n. 28. O’Brien, Sharon & Maureen Ehrensberger-Dow (2020). MT literacy – A cognitive view. Translation, Cognition & Behavior 3 (2): 145-164. O’Neill, E. M. (2019). Online translator, dictionary, and search engine use among L2 students. CALL-EJ: Computer-Assisted Language Learning–Electronic Journal, v. 20, n. 1, pp. 154–177. White, K. D.; & Heidrich, E. (2013). Our policies, their text: German language students’ strategies with and beliefs about web-based machine translation. Die Unterrichtspraxis, v. 46, n. 2, pp. 230–250. https://doi.org/10.1111/tger.10143 Yamada, M. (2020). Language learners and non-professional translators as users, in: M. O'Hagan (ed). The Routledge Handbook of Translation Technology. London: Routledge, pp. 183–199. https://doi.org/10.4324/9781315311258 Intervenant(e)s : Sophie Bailly, Université de Lorraine / ATILF UMR 7118 Lynne Bowker, École de traduction et d’interprétation, Université d’Ottawa, Canada Aurélie Bourdais, Université Lumière-Lyon 2, ICAR Sara Cotelli, Université de Neuchâtel Alice Delorme Benites, ZHAW Maureen Ehrensberger-Dow, ZHAW Benjamin Holt, Université de Lille et UMR Savoirs, Textes, Langage du CNRS Carmenne Kalyaniwala, Université de Lorraine / ATILF UMR 7118 Corinne Landure, Université de Lorraine / ATILF UMR 7118 Sophie Léchauguette, Université de Lille et ULR 4074 CECILLE Caroline Lehr, ZHAW Rudy Loock, Université de Lille et UMR Savoirs, Textes, Langage du CNRS Nicolas Molle, Université de Lorraine / ATILF UMR 7118 Guillaume Nassau, Université de Lorraine / ATILF UMR 7118 Errol O'Neill, Université de Memphis Caroline Rossi, Université Grenoble Alpes Elisabeth Steele, Berner Fachhochschule
Programme 11h-11h30 : accueil et introduction

 

11h30-12h10 :

Traducteurs en ligne et enseignement-apprentissage de l'anglais en lycée : des pratiques clandestines et buissonnières

Aurélie Bourdais, Université Lumière-Lyon 2, ICAR 

Bien que les traducteurs en ligne n'aient pas été conçus à des fins d'apprentissage, les lycéens s'en sont emparés de façon massive, ce qui est en accord avec la nature bilingue du processus rédactionnel en L2 (Wang & Wen, 2002). Ces pratiques soulèvent toutefois des questions didactiques fondamentales sur l'apprentissage d'une L2 et restent à ce jour le plus souvent clandestines (Bourdais & Guichon, 2020).  

Une analyse des pratiques effectives d'élèves de niveau A2 (n=49) relatives aux traducteurs en ligne a été effectuée par le biais de captures d'écran dynamiques. Les vidéos réalisées donnent à voir des pratiques diversifiées, parfois pertinentes. Elles pourraient constituer le point de départ d'une réflexion pédagogique sur l'intégration de ces outils dans les classes d'anglais en vue d'accompagner les élèves dans le développement d'une MT literacy (Bowker & Ciro, 2019), dans une perspective d'autonomie langagière (Germain & Netten, 2004).

 

12h10-12h50 : 

Quelle place pour les outils de traduction automatique dans l’apprentissage des langues chez un public LANSAD ? 

Carmenne Kalyaniwala, Nicolas Molle, Guillaume Nassau, Sophie Bailly,Corinne Landure, Université de Lorraine / ATILF UMR 7118 

Les études diverses autour du développement des outils de traduction automatique (désormais OTA) suggèrent que l’arrivée de méthodes nouvelles a largement contribué à améliorer la qualité des traductions obtenues. Ces avancées posent de multiples questions sur le statut et sur les utilisations des outils de TA par l'apprenant.e dans le cadre de l'apprentissage des langues. Or, si des études se sont penchées sur l’utilisation des outils de TA pour la formation de spécialistes en traduction, peu de recherches de terrain ont été menées auprès d’apprenants de langues spécialistes d’autres disciplines alors même que le recours à ces outils semble massif chez ce public. Nous avons ainsi entrepris une enquête auprès d’environ 500 étudiant.e.s afin de dresser un panorama de leurs connaissances, de leurs utilisations ainsi que de leurs perceptions de ces outils. Nous proposons, pour cette présentation, d’en révéler les premiers résultats.

 

12h50-13h30 : 

Let’s talk about MT: Raising awareness in Swiss universities 

Alice Delorme Benites, ZHAW ; Maureen Ehrensberger-Dow, ZHAW ; Elizabeth Steele, Berner Fachhochschule ; Sara Cotelli, Université de Neuchâtel ; Caroline Lehr, ZHAW 

Since the advent of neural machine translation, we have been witnessing a major change in written multilingual practices not only on websites and social media but also in academic contexts. Both translation of content and multilingual communication have suddenly become available at the click of a button instead of being entrusted to trained translators and linguists. In a country like Switzerland, with its long tradition of multilingual text production in the three official languages plus English, these developments are welcome but are also being viewed with some caution. A variety of new and creative practices have emerged amongst individuals, yet most of them remain undocumented and unguided. Our project explores current attitudes and practices regarding MT in Swiss universities. Initial results show how user profiles (e.g. students, teachers, researchers, academic support staff) call for differentiated approaches to fostering MT Literacy.

 

13h30-14h30 : PAUSE REPAS 

 

14h30-15h10 : 

Enseigner la traduction automatique aux étudiants hors des disciplines langagières 

Lynne Bowker, École de traduction et d’interprétation, Université d’Ottawa 

On estime que plus d’un billion d’utilisateurs emploient des systèmes de traduction automatique, et la plupart entre eux n’ont pas de formation en traduction ni en linguistique. Comment est-ce que ces gens sans un bagage linguistique naviguent le terrain parfois complexe autour de l’utilisation de tels outils ? Est-ce qu’ils adoptent une approche critique par défaut ? Ou bénéficieraient-ils d’une initiation à ce sujet ? Dans cette conférence, on va partager notre expérience d’enseigner une approche critique à la traduction automatique aux étudiants universitaires de première année à l’Université d’Ottawa qui suivent une vaste gamme de programmes hors des disciplines langagières.

 

15h10-15h50 : 

From Minitel to Apple Watch: Students' use of online translation services and pedagogical solutions for second language learning 

Errol O'Neill, University of Memphis 

Since Gachot's translation service launched on Minitel in the mid-1980s, the availability and quality of online translators (OTs) has continued to increase. Second language instructors’ strategies for dealing with student use of these tools have varied, from a “detect and punish” approach to increased tolerance or acceptance of OT usage. Given the ubiquity of online translation, the fact that a large majority of students already use OTs, and the near-impossibility of preventing their use, a pedagogically-sound, research-based solution would be to train students in how best to use (or not use) OTs to promote technology practices that are more responsible and beneficial to their learning.

 

15h50-16h15 : pause

 

16h15-16h55 : 

Enseigner la grammaire avec la traduction automatique : quelques propositions pour la première année de licence (L1) en Langues étrangères appliquées (LEA) 

Caroline Rossi, Laboratoire ILCEA4 Univ. Grenoble Alpes 

Dans le prolongement de travaux en cours sur les apports possibles de la traduction automatique neuronale à l’enseignement des langues (Carré et al., à paraître ; Rossi et al., à paraître), nous présenterons l’adaptation de contenus de formation élaborés dans le cadre du projet européen MultiTraiNMT (www.multitrainmt.eu), pour un public d’étudiant-e-s de L1 LEA de l’Université Grenoble Alpes, dans un cours de grammaire anglaise. Cette adaptation sera décrite sans que sa mise en œuvre puisse être appréciée, puisqu’elle doit être mise en place en 2022 pour la première fois. Pour compléter les propositions de contenus de cours et d'activités, nous ferons une série de remarques sur la nécessité d’engager une réflexion éthique que D. Kenny appelle de ses vœux depuis 10 ans (Kenny 2011), et qui est désormais bien plus présente dans la littérature, mais le plus souvent absente de nos programmes de formation. Nous reprendrons alors à notre compte une question de L. Bowker et J. Buitrago Ciro : « ce n'est pas parce que nous pouvons utiliser la traduction automatique qu’il faut le faire [de façon systématique] » (2019 : 79).

 

16h55-17h35 : 

Intégrer la traduction automatique dans un cours de traduction de licence LEA : retour sur expérience 

Rudy Loock, Université de Lille et UMR « Savoirs, Textes, Langage » du CNRS, Sophie Léchauguette, Université de Lille et ULR 4074 CECILLE, Benjamin Holt, Université de Lille et UMR « Savoirs, Textes, Langage » du CNRS 

Avec cette communication, nous souhaitons présenter les résultats d’une expérience menée auprès d’étudiant(e)s inscrit(e)s en troisième année de licence LEA (Langues étrangères appliquées) à l’Université de Lille. En particulier nous dressons le bilan de l’utilisation des traducteurs en ligne comme outils d’aide à la traduction mais aussi à la rédaction, et fournissons les résultats d’une étude visant à évaluer la capacité des étudiant(e)s à corriger les erreurs de la traduction automatique dans le cadre de la traduction d’un texte journalistique de l’anglais vers le français (Loock & Léchauguette 2021). Nous expliquons l’adaptation de nos enseignements qui a suivi cette expérience (cours mais aussi évaluations), et fournissons des résultats complémentaires afin d’affiner notre analyse. In fine, notre objectif est de nous interroger sur la façon de former des étudiant(e)s qui ne se destinent que de façon très minoritaire à la traduction professionnelle à une utilisation raisonnée des traducteurs en ligne, en développant leur « MT literacy » pour reprendre le terme mis en avant par Bowker & Buitrago Ciro (2019), compétence qui nous semble désormais nécessaire pour tout(e) étudiant(e) en langues tant l’usage de ces outils est répandu.

 

17h35-17h45 : Clôture
L'événement, organisé en ligne, est ouvert à tou(te)s (enseignants-chercheurs, enseignants, étudiants...). L'inscription est gratuite mais obligatoire pour recevoir les informations de connexion. Elle sera possible dès début janvier (vous recevrez un message de rappel).
Toutes les informations, dont le programme, sont disponibles sur le site de la journée : https://tq2022.sciencesconf.org/.

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