Conceptions de la maxime comme dispositif rhétorique et instrument pédagogique à l’époque impériale
SéminaireSara De Martin (STL / Institute of Classical Studies, London), "Conceptions de la maxime comme dispositif rhétorique et instrument pédagogique à l’époque impériale"
Résumé:
Les maximes (γνῶμαι) peuvent être définies comme des déclarations générales portant sur l’action humaine (Arist. Rhet. 1394a 21-25). Elles étaient couramment employées dans les textes littéraires depuis l’époque archaïque, et probablement déjà dans des pratiques didactiques à l’époque classique. Cependant, les témoignages de la circulation des recueils de maximes grecques et latines se font nombreux au Ier siècle de notre ère. C’est à cette époque que l’on date le manuel de Théon, premier témoin de leur usage dans un système de pratiques scolaires fixées en vue d’une formation rhétorique, à travers des exercices non seulement d’imitation, mais aussi de composition.
Cette communication se concentrera sur les sources impériales qui prescrivent ou commentent l’emploi des maximes et sur les conceptualisations qui en découlent. On analysera des traitements théoriques de la maxime dans les Progymnasmata, ainsi que des réflexions tirées des auteurs grecs et latins, concernant leurs bénéfices dans le contexte du développement moral de l’élève, et la convenance de l’étude et de l’emploi de la maxime par différentes catégories sociales. L’analyse relèvera des tensions résultant de l’usage des maximes à l’école et dans le discours. Tout d’abord, nous considérerons les enjeux des pratiques éducatives réservées à des catégories sociales spécifiques et s’appuyant sur des formulations morales stéréotypiques. Ensuite, nous discuterons le rôle de la maxime dans la construction de l’ethos de l’orateur qui l’emploie, en posant le problème épistémologique de la confiance qui lui est accordée en tant qu’autorité morale.