Appel à contributions : Methodos 20 (2020)

Appel à communications

Appel à contributions

Methodos n° 20

Lire

 

Que faisons-nous quand nous lisons des textes ? Nos objets de lecture sont-ils d’ailleurs seulement des textes, ne lisons-nous pas également des partitions, des signes sur un visage, des tableaux (Nicolas Poussin, « lisez l’histoire et le tableau ») ou le monde même (la lisibilité du monde selon Hans Blumenberg) ? Et lire est-il une activité homogène, cette activité ne se diversifie-t-elle pas en déchiffrer, parcourir, interpréter, comprendre, méditer ?

Cette dernière interrogation conduit à opérer une distinction entre différents niveaux de lecture, par exemple entre une lecture dite ordinaire et une lecture savante ou experte. La première serait marquée par sa spontanéité et même sa naïveté, propice à une adhésion sans distance à ce qui est lu – ce qui oriente assez naturellement le « lecteur ordinaire », dans le domaine littéraire, vers certaines œuvres de fiction, celles qui jouent de la vraisemblance en vue de capter l’attention du lecteur et de susciter son identification ou du moins son empathie. La seconde forme de lecture, critique et méthodique, serait quant à elle tournée vers les subtilités de l’interprétation, propres à conférer au texte lu une richesse et une profondeur particulières. Cette distinction se retrouve-t-elle, et sous quelles formes, dans les autres objets de lecture (partitions, tableaux, etc.) ?

Cette distinction nécessaire mais sommaire pose cependant problème, dès lors qu’elle renvoie à une polarisation des figures du lecteur fondée sur l’opposition entre les pouvoirs supposés aliénants des pratiques spontanées, inconscientes d’elles mêmes et sujettes à toutes les manipulations idéologiques, et les vertus émancipatrices d’une pratique réfléchie et maîtrisée, conduisant à l’autonomie du lecteur à l’égard du texte qu’il examine depuis une position de surplomb, comme un objet d’étude tenu lui-même pour un objet doté d’une certaine autonomie, que traduit par exemple sa forme maîtrisée ou l’accès difficile à sa signification (la difficulté du texte valorise son lecteur, lui présentant comme un miroir de son propre savoir et de sa propre maitrise des formes discursives). Ces questions se posent en termes différents selon que l’on pense prioritairement, voire exclusivement, à la lecture des livres, ou qu’on envisage également les textes non livresques (qu’est-ce que lire une lettre, une affiche, un tract, un mail ?).

Réfléchir aux conditions mêmes de la lecture ouvre une autre série de questions encore, portant notamment sur l’histoire voire la sociologie de la lecture, sur le lien entre les pratiques de lecture et les institutions du livre (les bibliothèques, le commerce des livres, les supports dématérialisés) ; toutes questions qui se posent également à propos du concept de lecture étendu à des objets non linguistiques comme un tableau ou une partition.

Ce sont ces questions, dont la liste n’est pas fermée, que la revue Methodos se propose de traiter dans son 20ème numéro, en convoquant l’ensemble des disciplines qui sont attachées à l’activité de lecture. Les approches thématiques (monographiques, historiques ou autres) comme les approches méthodologiques sont également bienvenues dans ce numéro à large spectre.


Détails pratiques

 

Les propositions de contributions (2500 signes) seront envoyées sous forme électronique, en formats Word et PDF à la rédaction, simultanément à Bernard Sève (bernard.seve[chez]univ-lille[point].fr) et Florence Thill (florence.thill[chez]univ-lille[point].fr) jusqu’au jeudi 10 janvier 2019 au plus tard.

Après acceptation de leur proposition, les auteurs devront faire parvenir le texte de leur article sous forme électronique, en formats Word et PDF pour le lundi 29 avril 2019 en respectant les modalités décrites dans la rubrique « Conditions de publication et instructions aux auteurs » sur le site de la revue.

La taille des articles n’est pas limitée a priori.

Ils pourront être rédigés en français, allemand, italien ou anglais.


Partager sur X Partager sur Facebook