La chose philosophique
Parutions
"La chose philosophique"
https://philolarge.hypotheses.org/la-chose-philosophique
Présentation:
D’un discours qui assène des vérités déjà toutes faites, ou du moins se présente comme étant en mesure de le faire, la philosophie se révèle à l’examen mal placée, et même peut-être la moins bien placée, pour assumer la responsabilité. En effet, elle met en œuvre son ambitieux programme sous une forme plurielle, manifestement dispersée, dissociée, éclatée, qui la prive de la stabilité minimale requise par une posture de souveraineté : sa vocation à dire le premier et le dernier mot de toutes choses, qu’elle affiche avec une certaine naïveté et beaucoup de prétention, est aussitôt démentie dans les faits, ce qui l’oblige sans fin à tout reprendre à zéro. Depuis qu’il y a philosophie, ou de la philosophie, celle-ci est intimement concernée et profondément perturbée par son histoire dont elle voudrait bien se débarrasser, sans savoir exactement comment s’y prendre pour y parvenir : l’interminable débat sur « la fin de la philosophie » vient de là. Le problème est que la philosophie n’en finit pas de « finir », d’arrêter les comptes, ce qui a en réalité à chaque fois pour effet de la relancer interminablement sur des voies nouvelles, sans qu’il soit possible d’établir en toute certitude si celles-ci sont ou non des voies de garage. L’histoire de la philosophie n’est rien d’autre que la recension des étapes de cet inlassable recommencement, au fil d’un parcours accidenté, irrégulier, pour une part contingent dans la mesure où sa relance relève d’initiatives individuelles relativement indépendantes les unes des autres (en l’absence du type de responsabilité partagée dont, par ailleurs, la Cité scientifique assure le fonctionnement en tant que collectif de pensée), dans lesquelles on peine à reconnaître une progression ordonnée, au point d’être forcé d’y renoncer.