Responsables scientifiques : Benoît Sans, Ruth Webb

 

Début du projet : 01/02/2021

Fin du projet : 31/03/2023

Durée du projet : 26 mois

Financeur: Conseil régional des Hauts de France

 

Placing history before the eyes: enargeia and ekphrasis from ancient historiography to contemporary historical representations

Peut-on voir et ressentir l’histoire ? Contrairement à la conception moderne et scientifique de l’histoire, l’historiographie ancienne était censée refléter le passé de manière à ce que le lecteur puisse se représenter les événements, en éprouver des impressions et en tirer des leçons. Cet effet, appelé en grec « enargeia » (« vivacité », capacité à « mettre sous les yeux ») était aussi considéré comme un puissant procédé rhétorique, pratiqué dans le cadre de la formation à cette discipline, associé aux émotions et susceptible d’orienter la vision de l’auditoire. Cette propriété rapproche l’histoire ancienne de la littérature, de la fiction et de la persuasion. Mais cette dimension visuelle se retrouve aussi dans les façons modernes et populaires de « consommer » l’histoire (romans, bandes dessinées, docu-fiction, jeux-vidéos, muséographie, représentations figurées) et dans ses usages (discours publics), qui à l’image d’événements récents en France, en Belgique, aux États-Unis et ailleurs, peuvent souvent être source de polémique. Le parallèle entre des pratiques anciennes et contemporaines peut être exploité pour investiguer les effets de ces différentes formes de représentations historiques, dans leurs liens avec la persuasion et l’argumentation, grâce aux outils conceptuels développés par les Anciens et à une approche interdisciplinaire. Le premier défi de ce projet, que B. Sans mènera sous la direction de Ruth Webb (laboratoire « Savoirs, Textes, Langage », UMR 8163), sera d’étudier la pratique de l’« enargeia » dans l’historiographie ancienne (tout particulièrement pour les périodes où cette technique faisait partie de l’instruction rhétorique), afin d’étudier ses fonctions et ses usages, et surtout la manière dont elle suscite la persuasion. Le défi suivant sera d’identifier les usages contemporains de cette technique, de les confronter à ceux des Anciens, ainsi que de créer des outils pédagogiques et des exercices adaptés à des publics variés, visant à développer un regard et une conscience critique sur les façons potentiellement polémiques de représenter l’histoire.