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Pierre Labrune (Université de Lille) | Traduire et adapter Tartuffe en Angleterre au rythme des querelles religieuses (1670-1770)

La création du Tartuffe en France et le scandale qu’elle a causé sont bien documentés, mais peu de travaux ont été consacrés à ses traductions et adaptations en Angleterre dans le siècle qui a suivi sa création. La deuxième version de la pièce de Molière, en cinq actes, est créée en 1669, et donne lieu à une traduction par Matthew Medbourne dès 1670. De même, en 1717, Colley Cibber propose une réécriture du Tartuffe appelée The Non-Juror et, en 1769, Isaac Bickerstaffe dit, d’une part, s’être inspiré de Cibber et, d’autre part, être revenu au texte français original pour proposer sa comédie The Hypocrite.

Ce qui frappe, à la lecture des trois traductions/adaptations de Molière en Angleterre, c’est de constater que la pièce de Molière sert de prétexte pour s’inscrire dans les polémiques politico-religieuses du temps. La trame reste dans les grandes lignes la même, à savoir que le personnage principal est un hypocrite qui surjoue la piété afin de mieux escroquer la famille qui l’a accueilli, mais les allusions topiques varient. Molière s’en prenait au parti dévot dans la France des années 1660, mais Medbourne fait de Tartuffe « the French Puritan » et cherche ainsi à s’attirer les bonnes grâces de la Cour dans une Angleterre de la Restauration traumatisée par l’interrègne puritain. Cibber, en 1717, fait de son « Dr. Wolf », le non-jureur éponyme, un catholique et jacobite dissimulé. Quant à Bickerstaffe, il fait de son « Dr. Cantwell », l’hypocrite dénoncé dès le titre de la pièce, un méthodiste. Là où l’ambiguïté de la pièce de Molière était cause de scandale, les versions anglaises ont toujours soin de rejeter l’hypocrite hors du giron de la communauté religieuse nationale et ce afin de lever toute confusion possible quant à la légalité de la satire religieuse.

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