De l’agir à la connaissance. Étude de l’évolution sémantique des paires noos-noein et doxa-dokein de Homère à Platon.

Conférence
Université de Lille - Pont de Bois - salle A3.365

S’intéresser au lexique grec de la philosophie du point de vue de sa genèse historique signifie suspendre toute forme de certitude à son sujet, et renoncer à toute distinction de principe entre récits « proprement » littéraires et ces récits traditionnellement qualifiés de « philosophiques ». Au contraire, cet intérêt nous oblige à douter de la possibilité même d’établir les valeurs cognitives des termes sur la seule base de leur usage prétendument « philosophique » par tel ou tel autre auteur. Car la signification des termes à l’époque classique ou tardive ne correspond pas forcément à leur usage dans les textes plus archaïques. Le philosophe et l’historien de la philosophie doivent plutôt entreprendre un processus, patient et sans préjugés, de reconstruction philologique et sémantique, en suivant les traces d’auteurs classiques tels que von Fritz, Snell et Havelock. Tel est en tout cas notre parti pris. En suivant cette voie, nous avons formulé la thèse suivante selon laquelle le « lexique de la connaissance » typique de la philosophie grecque est à l’origine un « lexique de l’agir », et, plus précisément, un lexique de l’agir sur et dans le monde. Ce n’est que par l’affranchissement progressif de son contexte pratique et temporel d’origine que la langue philosophique s’élabore, en accédant au plan des valeurs cognitives atemporelles qu’on connaît. Nous illustrerons notre thèse à l’aide de deux exemples : le noos comme « schéma d’action » et la doxa comme « adéquation entre l’attente et l’événement », significations premières des termes qui mènent aux concepts cognitifs de noûs et doxa tels qu’ils seront canonisés dans la philosophie de Platon.


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