Présentation

Il est bien connu que la grammaire comparée des langues romanes ne permet pas de remonter jusqu’au latin tardif. Il existe ainsi un no man’s land entre la latinité tardive et l’état de langue auquel nous permet d’arriver la méthode de la reconstruction. Comme l’a montré Banniard, ce décalage est conceptuel plutôt que chronologique, parce que latin tardif et langue vernaculaire coexistent dans le même espace communicatif et évoluent d’une situation de continuum langagier – où le dosage des traits conservateurs latins et des traits innovants romans varie selon les registres (par ex. sermo altus, stylus simplex) – vers une situation de discontinuum, au moment où l’ancien français devient identifiable comme système langagier.
Le présent projet entend livrer une contribution à notre compréhension de la filiation entre le latin tardif et l’une des langues romanes, le français, dans cette situation complexe qui évolue d’un diasystème de lingua mixta vers une diglossie. Pour ce faire, il s’appuiera sur une synergie entre la communauté scientifique des latinistes et celle des historiens du français.