Les thématiques

Responsable : Sarah Troche

La thématique intitulée « Imagination et création : arts et littérature » dans le quinquennal en cours s’appellera désormais « Invention et pratiques : arts et littérature ». La notion d’invention concerne non seulement la production (« création ») d’œuvres artistiques et littéraires, mais également tout ce qui relève de l’interprétation, de la performance, de l’improvisation, voire de la reprise. À cet égard, Sarah Troche approfondira et développera son travail consacré à la notion de cliché, qui est une forme singulière de « reprise » dont le champ s’étend potentiellement non seulement aux arts iconiques et à la littérature, mais également à la musique, au cinéma, à la photographie, à la danse. Les collaborations solides nouées depuis plusieurs années avec le CEAC de Lille (Centre d’études des arts contemporains, EA 3587) seront renforcées, notamment en direction des spécialistes de danse et de théâtre.

Plus largement, Sarah Troche et Bernard Sève poursuivront la réflexion sur la notion d’exercice en art, qui noue étroitement les concepts de pratique et d’invention et se trouve au cœur de la thématique : un colloque international sur cette question aura lieu les 19, 20 et 21 juin 2019, en partenariat avec le CEAC de Lille et le festival Latitudes Contemporaines.

La thématique « Invention et pratiques : arts et littératures » s’ouvrira enfin à la philosophie sociale de manière à créer un lien avec la thématique « Vie, Normes, Institution ». Ce lien prendra la forme de l’organisation de manifestations scientifiques (séminaire et colloque) portant sur des objets concernés à la fois par les arts/la littérature et la philosophie sociale tels que le genre, les clichés et les stéréotypes. La question des clichés et des stéréotypes permettra en outre de nouer des collaborations avec certains membres des champs 1 et 2 de STL  intéressés par ce thème. Une première journée d’études est prévue au printemps 2020.

Responsable : Philippe Sabot

Les travaux menés dans le cadre de cette thématique vont, dans le prolongement des recherches développées dans le cadre du présent contrat, s’orienter vers l’étude des déclinaisons (politiques, sociales, vitales, environnementales) de la vulnérabilité. On y traitera donc de la vulnérabilité des vivants face à la maladie et à la mort ; de la vulnérabilité des humains face à l’épreuve de la violence, de l’injustice ou du déni de reconnaissance ; mais aussi de la vulnérabilité des milieux de vie et des écosystèmes soumis à l’action destructrice de l’homme ; et de la vulnérabilité des formes institutionnelles confrontées aux ressources transformatrices de l’histoire et aux logiques normatives qui en sous-tendent le déploiement.

Ces travaux s’inscriront ainsi résolument en continuité avec l’axe « Vulnérabilités » de la MESHS et donneront lieu à des collaborations étroites (dans le cadre de projets partenariaux ou émergents notamment). Cette dynamique collaborative pourra d’ailleurs s'appuyer sur le recrutement de deux nouvelles collègues (Cécile Lavergne, MCF, et Gabrielle Radica, PR) qui vont inscrire en grande partie leurs recherches en philosophie politique, en philosophie sociale et en philosophie des normes et des institutions.

Cécile Lavergne développera ses travaux consacrés à l’articulation entre violence, identités et reconnaissance en proposant ainsi une ouverture vers les sciences sociales et vers les enjeux les plus contemporains liés aux trajectoires de radicalisation, envisagées à partir des catégories d’utopie et de contre-utopie. Ces travaux relatifs à une philosophie sociale des radicalités, développés d’abord dans le cadre d’un projet post-doctoral à l’université de Namur, pourront s’articuler désormais également aux recherches menées par Philippe Sabot au sujet d’une clinique sociale des vulnérabilités, à partir des apports croisés de Foucault, de Butler et des recherches actuellement développées en philosophie sociale en France (Fischbach, Renault, Haber, Le Blanc).

Le questionnement sur la violence (qui, dans l’épreuve de la violence extrême, confronte l’humain à l’inhumain) trouvera également un développement complémentaire dans les travaux de Patrice Canivez menés d’abord à partir des catégories élaborées par Eric Weil et confrontées désormais aux enjeux actuels des formes et des processus démocratiques. Ce type de démarche se déploiera également suivant une orientation généalogique qui convoquera des études sur Rousseau et les Lumières, sur les normes de l’action juste et sur les conditions d’élaboration d’institutions politiques (d’ordre démocratique) et sociales (comme la famille). En développant les travaux qu’elle a pu proposer sur la famille et le régime de transformation qui en produit les figures modernes et contemporaines, Gabrielle Radica pourra engager une réflexion plus large sur les normativités à l’œuvre dans la vie politique et sociale et sur la manière dont ces normativités dessinent des formes de vie et des formes culturelles innovantes et mobiles.

Le séminaire « Normes et affects » co-organisé par Eléonore Le Jallé et Peggy Avez poursuivra ses travaux consacrés à l’articulation des normes et des affects en croisant philosophie politique et sociale, philosophie du droit, esthétique et philosophie morale.

Des prolongements éthiques pourront également être donnés à ces réflexions sur la raison des normes, en particulier dans le cadre d’ateliers ou de journées d’études annuelles consacrées à la manière dont le médical s’empare des normes vitales et sociales et les informe même à partir de ses propres innovations technologiques. Dans cette perspective, les collaborations avec l’Espace de Réflexion Éthique Régional (ERER) seront poursuivies et même renforcées (avec la mise en place d’un DU Soin et société).

Enfin, toujours sur le versant éthique des recherches menées dans la thématique, une part importante des travaux proposés dans le cadre du prochain contrat s’orienteront vers le déploiement des conditions d’une « clinique environnementale » qui signale à la fois la vulnérabilité croissante de l’homme à un milieu de vie qui se dégrade et la vulnérabilité des écosystèmes face à l’action de l’homme. Cette réflexion, qui sera au cœur du projet I-SITE IRAE II (Irreversibility as a principle - Rethinking the mutAtion of Earth), a une dimension nécessairement collective et interdisciplinaire au sens où elle se nourrit des apports conjoints des sciences humaines et sociales et des sciences expérimentales. Elle oblige la philosophie à se confronter aux ressources de ces « matières étrangères » que sont d’une part les connaissances produites par les sciences exactes (chimie, biologie, physique) et d’autre part les éléments de compréhension et d’interprétation du monde que proposent la littérature et les arts. Dans cette perspective, un colloque fédérant ces différentes approches théoriques, pratiques et imaginatives pourra être organisé en 2020 sur le thème interdisciplinaire de l’irréversibilité.