« Où est passée la théorie ? »

Séminaire
Université de Lille - Pont de Bois - salle F0.13

Problèmatique du séminaire:

Divers phénomènes semblent actuellement indiquer une désaffection à l’égard de la théorie, tant dans nos disciplines et la recherche qui s’y effectue, que plus généralement dans les pratiques, représentations et discours ordinaires actuels. Cette tendance s’affirme de diverses manières : à travers la préférence pour le particulier ou pour l’échelle « micro », comme en témoignent la micro-sociologie ou la micro-histoire, à travers le primat de la description sur d’autres formes de discours, voire à travers l’intérêt porté au caractère ordinaire des objets et des savoirs qui n’autoriserait pas de discours théorique ou savant.

Sur le plan méthodologique, une telle tendance peut manifester une forme de néo-positivisme, privilégiant le « donné » de l’archive ou de l’artefact à l’activité théorique, jugée irréductiblement détachée de l’expérience et de sa description. Enfin, elle peut aboutir, dans certaines disciplines, à l’abandon des grandes théories globales (comme le suggère la dénonciation par Antoine Compagnon du « démon de la théorie »), voire à l’abandon de toute ambition totalisante du savoir. Ce mouvement de méfiance et de fragmentation, qui amène à préférer les théories à la théorie puis le terrain aux théories, ne conduit-il d’ailleurs pas à privilégier les épistémologies situées à la science, voire à la notion de vérité (voir Étienne Klein, Allons-nous liquider la science ?) ?

Bien entendu, un diagnostic si général exige immédiatement une distance critique, notamment parce que la déconstruction des théories globales donne souvent lieu à une construction… théorique. Le rapport à la théorie n’est donc pas univoque et mérite lui-même d’être enquêté. Cette enquête sur la théorie est au cœur de ce séminaire doctoral qui l’abordera dans le domaine des humanités et des sciences sociales. L’objectif, méthodologique et pédagogique, est clairement de permettre aux doctorantes et aux doctorants de se positionner par rapport à la théorie afin d’éviter chez eux – et chez tous les chercheurs – tout rejet craintif ou toute révérence vaine. Il s’agira de susciter et favoriser leur réflexivité en montrant la théorie à l’œuvre, en éclairant ses réussites et ses impasses, en suggérant des analogies, en fournissant certaines typologies utiles pour la maîtrise de leurs propres recherches. La perspective sera collective et pluridisciplinaire, afin de repérer des problèmes qui pourraient être communs à plusieurs disciplines, qu’il s’agisse de la question de la rivalité des théories ou de la question des emprunts réalisés par un chercheur de telle discipline à des théories relevant d’un autre champ disciplinaire, voire de l’enjeu moral et politique de certaines théories.

Pour la seconde année, le séminaire portera plus spécifiquement sur les usages publics de la théorie afin de permettre aux doctorantes et aux doctorants – ainsi qu’à tous les chercheurs participants – de mieux aborder les débats parfois polémiques sur la place des humanités et des sciences sociales. La dimension internationale sera particulièrement explorée à cette occasion.

Programme de la séance:

Matin  9h30-12h30

Modération par un doctorant

Thomas Bénatouïl (Université de Lille, STL): "Qu'est-ce que la naissance de la théorie peut nous apprendre sur la théorie aujourd'hui ?"

Alison Boulanger (Université de Lille, Alithila), "Théories du texte décontextualisé".

Présentation des travaux des doctorants : Anne Rouffanche ; Valentin Mériaux.

Après-midi 14h-17h

Modération par un doctorant

Naïs Virenque   "Faire l'histoire visuelle des raisonnements : de la matérialité des sources à une théorie diagrammatologique".

Claude Gautier (ENS-Lyon, Triangle), "La théorie à l'épreuve de la critique; le cas des sciences sociales".

Présentation des travaux des doctorants : Marie Liesse Drouet


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