Séminaire des linguistes : L’allusion dans les discours d’information et de réconciliation en langue bedja (Soudan)

Séminaire
Salle B1.619 - UdL Pont de Bois

L’exposé présente les propriétés syntaxiques et pragmatiques des énoncés allusifs dans deux genres oraux en langue bedja (couchitique) du Soudan. L’allusion peut se trouver, par exemple, dans un verbe à l’impératif dans des formules de politesse (remerciements) 'miri-ja ‘trouve !’, ou d’insulte 'hagil-a ‘manque !’. L’allusion s’identifie par l’emploi d’une relative où la principale n’est pas exprimée ; cette construction exprime un serment : ‘an-aj i-kat-jːe=b ‘je jure que c’est à moi’ (lit. qu’il soit à moi). L’allusion s’identifie aussi dans l’utilisation d’une complétive où la principale est partiellement implicite, marquée seulement par une copule à sujet impersonnel et le nom féminin na ‘chose’ comme complément d’objet ; ces constructions expriment l’obligation déontique ou le souhait : ʃagaːm-tiː-'jeːt toː='naː-t-i ‘il faut que tu travailles’ (lit. il est la chose que tu travailles). L’allusion ressort d’une construction impersonnelle avec un converbe de manière au masculin singulier suivi du marqueur féminin référant au nom implicite féminin na ‘chose’. Elle exprime une critique forte : giː'g-aː-b-t-i, ‘c’est une délinquance totale !’ (lit. c’est une chose de déviation). Hautement valorisée en discours formel, mais d’une ambiguïté distinctive, l’allusion en bedja doit être perçue en tant que « révélateur culturel » et soumise à l’analyse syntaxique et pragmatique pour la compréhension de ses énoncés.