Appel à contributions, Revue Mosaïque n°18 "La Physique"

Appel à communications
APPEL A CONTRIBUTIONS POUR LE N°18 DE LA REVUE MOSAÏQUE « LA PHYSIQUE »
Dans l’Antiquité, la physique se présente comme l’étude de la nature, considérée non pas tant comme un état de fait figé dans le temps, que comme un ensemble d’êtres toujours en devenir, vivants ou inertes. Cette définition très vaste est amenée à être plus ou moins circonscrite selon les époques. L’article de l’Encyclopédie, consacré à cette science, en dénombre plusieurs sortes : la physique symbolique, « qui ne consistoit qu’en symboles ; telle étoit celle des anciens Egyptiens, Pythagoriciens & Platoniciens qui exposoient les propriétés des corps naturels sous des caracteres arithmétiques, géométriques & hiéroglyphes », la physique péripatéticienne, « celle des sectateurs d’Aristote, qui expliquoit la nature des choses par la matiere, la forme & la privation, par les qualités élémentaires & occultes, les sympathies, les antipathies », la physique expérimentale « qui cherche à découvrir les raisons & la nature des choses, par le moyen des expériences, comme celles de la Chimie, de l’Hydrostatique, de la Pneumatique, de l’Optique », la physique mécanique « qui se propose de rendre raison des phénomenes de la nature en n’employant point d’autres principes que la matiere, le mouvement, la structure, la figure des corps & de leurs parties ; le tout conformément aux lois de la nature & du méchanisme bien constatées ». D’Alembert se fait pour l’occasion historien des sciences et, résumant différentes théories qui se rattachent toutes à ce qu’on appelle alors la philosophie naturelle, il met en avant les méthodes de chacune d’entre elles, ainsi que leurs objectifs, et la langue qu’elles exerçaient pour communiquer leur savoir. Ce compte-rendu, loin de l’objectivité à laquelle il prétend, est également révélateur de l’état de la physique à son époque. Après la révolution galiléenne et cartésienne de l’âge classique qui entérina la disparition de l’approche scolastique – qui supposait l’existence de régions du monde hétérogènes et qui conservait l’hylémorphisme aristotélicien – le XVIIe siècle français perd le goût des systèmes métaphysiques et se tourne avec passion vers le newtonianisme et, plus généralement, vers la philosophie expérimentale.
L’aspiration à découvrir des lois de la nature universelles se pense à l’intérieur du cadre de plus en plus strict du mécanisme et se double de l’exigence de les fonder à la fois en raison et à partir de l’expérience sensible. Le XIXe siècle ouvre les perspectives de la physique et de ses composantes en s’intéressant notamment à l’infiniment petit, et la mise en place progressive de la théorie microscopique de la matière permet de justifier certains principes comme ceux de la thermodynamique. Cet élan s’épanouit au XXe siècle avec l’intérêt particulier qui est donné à l’atome et donc à la physique des particules et la naissance de la physique quantique, bouleversant les interprétations du fonctionnement de l’univers et de la nature.
A ces manières listées par d’Alembert de s’approprier la nature pour en faire un objet d’étude, s’ajoute la multitude des domaines dans lesquels elles s’expriment : astronomie, chimie, optique, mécanique, mathématique, mais aussi médecine. Si aujourd’hui la « physique » entre dans les emplois du temps des élèves du secondaire comme une matière à part entière et distincte de la chimie, de la biologie et de la géologie, cela ne rend pas compte de l’histoire mouvementée qui fut la sienne. Entre la naissance de la physique classique grâce à Newton, les avancées de Lavoisier ou la révolution opérée par la théorie quantique, la physique se transforme cycliquement à travers l’histoire, en reléguant certaines doctrines au rang d’illuminisme ou de non-sciences, et en en relevant d’autres au rang d’académisme. L’histoire de cette science est donc autant marquée par l’opprobre – censures, autodafés, condamnations par l’Eglise – que par les lettres de noblesse – académies des sciences, créations de chaires, prix Nobel. Aujourd’hui, nous distinguons communément la physique, en tant qu’elle serait la science des lois universelles des mouvements des corps, d’autres sciences qui formaient jadis avec elle l’unique « philosophie de la nature ». Ce caractère englobant auquel elle prétend – à tort ou à raison – semble lui conférer le statut de reine des sciences empiriques.
Pour ce dix-huitième numéro de la Revue Mosaïque, nous souhaiterions regrouper les réflexions de jeunes chercheurs en sciences humaines autour de la nature, des objets et de l’histoire de la physique en général, et des théories physiques en particulier. Il sera alors apprécié toutes contributions s’interrogeant sur leurs méthodes (raisonnements, observations, expérimentations, hypothèses contrefactuelles, etc.), leurs paradigmes représentationnels, leurs constructions et leurs évolutions (s’agit-il de « révolutions » ou bien de réformes dans un temps long ? quid des errements, des tâtonnements et des impasses théoriques ?), leurs institutionnalisations et leurs modes d’expression (revues scientifiques, sociétés savantes, universités, instituts scientifiques etc.). Les contributions se concentrant sur un domaine précis (optique, mécanique, astronomie, etc.), sur une certaine façon de saisir ou de déterminer le réel (pythagorisme, aristotélisme, matérialisme antique, etc.), sur une période (la physique classique, mécanique, quantique, etc.), sur un objet de la physique (temps, espace, mouvement, corps microscopique et macroscopique, etc.), sur une technique ou une technologie (dynamite, ampoule électrique, laser, etc.), ou sur une approche transversale (la relation entre la physique et la censure, les usages de la fiction en physique, le dialogue des savants, les liens entre physique, économie et politique, etc.), seront les bienvenues. Elles le seront plus encore si elles témoignent, à partir du prisme des sciences humaines, d’un regard novateur sur l’une de ces questions.
Le comité d’organisation du numéro,
Marine Bastide De Sousa (Alithila, URL1061)
Clémence Sadaillan (STL, UMR8163)
Valentin Mériaux (IRHiS, UMR8529)
MODALITES DE SOUMISSION
Les propositions de contributions devront être envoyées à l’adresse suivante : mosaique.physique@gmail.com avant le 1er octobre 2021.
Elles ne devront pas excéder 500 mots et devront être accompagnées d’une courte bio-bibliographie (titre de la thèse, institution(s) de rattachement, directeur.trice de thèse, date de soutenance si la soutenance a eu lieu).
La revue Mosaïque est une revue jeunes chercheur.se.s : de fait, dans le cadre de cet appel à contributions, les propositions sont réservées aux doctorant.e.s et jeunes chercheur.se.s sans poste universitaire pérenne.
Les articles rédigés ne devront pas dépasser 45 000 caractères espaces compris. Ils devront respecter les normes de présentation de la revue, disponibles sur la page suivante : revuemosaique.univ-lille.fr
COMITE SCIENTIFIQUE
Thomas Benatouïl (STL, Université de Lille)
Emanuel Bertrand (ESPCI Paris, Centre Alexandre Koyré)
Gilles Denis (IRHiS, Université de Lille)
Caroline Jacot Grapa (Alithila, Université de Lille)
Claire Louguet (STL, Université de Lille)
Emmanuelle Sempère (CELAR, Université de Strasbourg)
Stéphane Van Damme (ENS, Paris)
Nicolas Weill-Parot (SAPRAT, Ecole Pratique des Hautes Etudes)
CALENDRIER
Date limite d’envoi des propositions : 1er octobre 2021
Réponse aux auteurs et autrices : 24 octobre 2021
Envoi de l’article entièrement rédigé : 23 janvier 2022
Premier retour aux auteurs et autrices : mi-mai 2022
Envoi de la version finale de l’article : mi-juillet 2022
Publication du numéro de la revue : automne 2022

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