"Le séminaire de Heidegger sur le Sophiste" : Michel Crubellier

Séminaire
salle B1.663
Des Platonismes en Phénoménologie
 
Dans les trente dernières années, les rapports de la phénoménologie, dans ses nombreuses formes, à l’histoire de longue durée de l’aristotélisme ont fait l’objet de nombreuses études, notamment en France et dans le monde anglophone. La question de l’être, de l’intentionnalité et du monde, des thèmes chers à la phénoménologie comme le catégoriel, l’imaginaire ou le politique ont notamment été examinés dans leurs rapports avec les textes-source d’Aristote et leurs relectures, anciennes et médiévales. 
Or, il en va tout à fait autrement du lien, pourtant étroit, qui noue la tradition phénoménologie aux différentes formes de platonisme qui ont traversé l’histoire de la philosophie occidentale. De l’idée husserlienne d’un Platon « père de toute science rigoureuse » (Hua XXV, 53) au Patočka de Platon et l’Europe, centré sur le « souci de l’âme » ῆς ψυχῆς ἐπιμελεῖσθαι) (Alc. 130, c 5-6) ; du célèbre propos de Heidegger, selon lequel « toute philosophie occidentale est un platonisme » (Nietzsche, t. II), aux références, nombreuses et insistantes, de Lévinas à l’égard du Phèdre ; mais, aussi, du silence assourdissant de Sartre, Merleau-Ponty et Michel Henry, qui (du moins apparemment) semblent faire l’impasse sur l’héritage de Platon, à l’obsession véritable d’Eugen Fink vis-à-vis de l’ontologie platonicienne de l’image, tant dans ses études sur l’irréel et le jeu que dans ses recherches sur la παιδεία—la phénoménologie n’a pas cessé de multiplier ses lectures de Platon et ses variantes de « platonisme » d’une manière qui demande encore à être explorée. 
Le but de ce séminaire de recherche qui se conclura avec une journée d’études, sera de commencer une telle exploration par une triple opération de (1) mise en contexte, (2) étude des textes et (3) analyse des problèmes. 

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