Journée d'étude "Ulysse polytropos"

Journée d'études
Université de Lille Campus du Pont de Bois Maison de la Recherche Salle F0.13

Alors qu’il n’existe que deux attestations de polytropos dans les poèmes homériques, sa présence dans le premier vers de l’Odyssée a suscité des débats dès l’Antiquité sur le sens et les connotations qu’il faut prêter à la figure d’Ulysse. Cette épithète, que les traducteurs français ont souvent rendue par « aux mille tours », désigne l’habileté et la capacité à s’adapter dans diverses situations et à parvenir à ses fins : liée à la ruse, la question a été de savoir si elle correspond plutôt à l’astuce ou à la fourberie. Ces discussions se sont développées dans différents domaines, de la sophistique à la philosophie en passant par la tragédie, et ont été pérennes puisqu’on en trouve trace de la période classique jusqu’à l’époque impériale. Il s’agira, à l’occasion d’une journée d’études interdisciplinaire joignant approches philosophiques et philologiques, de saisir les enjeux de ces débats en les confrontant à leur contexte intellectuel. Différentes questions seront abordées. En termes de connotations, le problème a été de déterminer si la polytropia était perçu et présenté comme un motif positif, négatif ou intermédiaire :
  • Comment chaque auteur se réapproprie-t-il le débat et se positionne-t-il par rapport à ses prédécesseurs afin de faire valoir ses propres conceptions ?

  • En quoi la contre-figure de Palamède est-elle employée par certains auteurs pour mettre une perspective la polytropia de son rival ? A quelle appropriation d’Ulysse ces prises de partie ontelles donné lieu (comme le fait Platon dans le Phèdre, 261b-c, où Thrasymaque est assimilé à Ulysse) ?
     
  • En quoi le caractère malléable et ambigu de la polytropia a-t-il ouvert la voie à de telles interrogations ?
En outre, il ne faut pas cristalliser la polytropia. Les discussions suscitées par le premier vers de l’Odyssée sont passées sous le spectre de toute une terminologie liée à la ruse, en particulier la deinotês, la panourgia et la mêtis (liée à l’épithète polymêtis systématiquement associée à Ulysse dans les deux poèmes homériques). Il ne s’agira pas d’étudier ce lexique pour luimême, mais plutôt d’envisager ses interactions avec les débats liés à la polytropia, d’autant que ces termes ont servi d’outils permettant aux Anciens de questionner son sens et ses connotations. 

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